Nós c’est nous. Nós ce sont des nœuds. Ce qui unit.
Faire de plusieurs choses, une. Il y a ces nœuds qui permettent de lier, d’attacher, d’amarrer.
Trop serrés, il nous faut de la patience pour les défaire, les refaire, serrer, desserrer, resserrer, parfois couper.
Ma fascination pour les nœuds aujourd'hui émane de la vie que je partage depuis plusieurs années avec des dizaines, des centaines, parfois des milliers de personnes. Celle d’une lutte, de la construction d’une force qui permet de (se) tenir.
Ces nœuds sont des liens, réels, tangibles. Des liens qui se frottent au monde, qui tentent de le secouer. Le vécu d’une aventure collective. Il y a cette image du radeau, invoquée par Fernand Deligny à propos de son expérience de vie commune avec des enfants autistes dans les Cévennes : « Un radeau, vous savez comment c’est fait : il y a des troncs de bois reliés entre eux de manière assez lâche, si bien que lorsque s’abattent les montagnes d’eau, l’eau passe à travers les troncs écartés. Notre liberté relative vient de cette structure rudimentaire, dont je pense que ceux qui l’ont conçue ont fait du mieux qu’ils ont pu (...) Nous ne maintenons du projet que ce qui nous relie. Vous voyez par là l’importance primordiale des liens et du mode d’attache, et de la distance même que les troncs peuvent prendre entre eux. » Il faut que le lien soit suffisamment lâche pour laisser passer l’eau et suffisamment solide pour tenir le tout ensemble. Et surtout, si on veut le faire survivre, il faut veiller à souvent refaire les nœuds.
Mentions:
Conception et chorégraphie : Lara Lannoo
Assistante à la création : Nina Lombardo
Lara Lannoo
Elle a grandi à Bruges. Depuis sa jeunesse, elle arpente des espaces de danse en Belgique. Elle joue en tant que jeune interprète dans des pièces de danse et théâtre de Randi de Vlieghe, Maxime Storms, et participe à la création de A Toast to Maybe avec Marieke Dermul. En 2009 elle étudie la danse contemporaine au Conservatoire Royal/School of Arts à Anvers, puis intègre la formation PEPCC (Programme de recherche et de création chorégraphique) à Lisbonne, ou elle a l’occasion de travailler avec Meg Stuart, Mark Tompkins, Lisa Nelson, Loic Touzé, Vera Mantero, entre autres. Dans ce cadre elle crée les solos Oh minha deusa et Troca(ç), ainsi que la co-création Antes de... avec Inês Campos et Sofia Rocha. Elle y a également travaillé comme interprète dans des projets de Cansu Ergin et de Maria Varbanova.
Pendant ces années de danse elle a toujours été active politiquement. Pour faire face à ce monde, et aux contextes politiques dans lesquels nous évoluons, elle a été à la rencontre de pensées, de confrontations, dans des espaces autonomes, dans la rue, dans les fins fonds de la campagne. Jusqu’à s’installer en 2012 sur la ZAD à Notre-Dame-des-Landes, où elle vit et travaille depuis. Elle y fait la rencontre d’une communauté de lutte, ouverte sur le monde et traversée par lui.
En 2017, elle reprend une pratique de danse après plusieurs années de pause en participant à des workshops de Vera Mantero, de Thomas Hauert, et d’autres intervenants dans les espaces de danse nantais. Elle collabore avec Nina Lombardo au projet de solo Rêver l’obscur, avec qui elle travaille actuellement (dans un esprit de regards et pratiques croisées) sur le solo Nós